La nourriture en France est une institution. Nous aimons manger et nous avons de bonnes recettes qui nous suivent à travers nos voyages. Mais pour réussir une recette, il faut les bons produits et cela peut être une aventure de se les procurer selon le pays où l’on se trouve.
S’expatrier aux Etats Unis n’a rien à voir avec une expatriation en Asie ou en Afrique. Le mode de consommation est identique : on retrouve des supermarchés qui proposent à la vente des produits alimentaires semblables à ce que nous trouvons en France, à quelques exceptions près.
A mon arrivée à NYC, mon homme qui était là depuis un mois, n’avait pas vraiment eu un « bon » repas depuis son départ de France. (J’entends par bon ; manger des légumes et autre chose que de la junk food!!). J’ai voulu lui faire plaisir et lui préparer un plat équilibré et succulent. Malheureusement, la soirée en amoureux autour de la table ne s’est pas déroulée comme attendue. La faute à mes achats.
Faire Ses Courses Aux USA
Ma première expérience américaine au supermarché du coin fut déroutante. Elle ressemblait beaucoup à une chasse au trésor où les produits étaient les joyaux à trouver – les pâtes se trouvaient dans 2 rayons (céréales et international), les oeufs au frigo (car ici aux US les oeufs sont lavés et ont donc perdu leur couche protectrice), pas de pâtes brisées ni de crème fraîche (j’en ai trouvé depuis), pâtes feuilletées au congélateur… une succession de découvertes et d’infortunes.
Au bout de 2h je suis sortie avec mes courses et au menu du soir une pièce de bœuf accompagnée de petits légumes.
Ma première erreur : cuisiner une viande rouge. C’est durant ces moments que l’on se rend compte à quel point on est marqué par les stéréotypes. Pour rendre heureux un homme, il faut lui cuisiner une viande. Faux : un homme peut parfaitement se satisfaire d’un repas sans viande carnée.
Ma deuxième erreur : la qualité de la viande. Je ne voulais pas mettre le prix (on peut trouver des pièces de viandes très chères). Et j’ai donc fait le choix d’un produit entre deux.
Le résultat de mon plat a été plus que décevant. Malgré un thermomètre pour stopper la cuisson à une température saignante, nous avons mangé un steak à la chair blanche légèrement rosée.
Problème de cuisson, non ! Pourquoi alors : j’avais acheté une viande de première base c’est à dire élevée aux hormones, une viande qui avait grandi trop vite …
Les cahiers de charges d’élevage d’animaux ne sont pas aussi stricts qu’en Europe. Aux Etats Unis, les viandes bovines peuvent être traitées aux hormones pour accélérer la croissance ou la production de lait.
Ce repas a eu le mérite de mettre les choses au clair et de nous mettre en garde sur nos achats alimentaires.
Ce que j’ai mis en place
Étant des amateurs de viande, nous ne sommes pas devenus végétariens. Par contre, nous n’achetons plus que des viandes bio et quasi plus de viande rouge.
Nous avons réduit de beaucoup notre consommation pour n’en manger que lors de 4 repas par semaine. Je cuisine beaucoup plus de repas végétariens. (article « Le paradoxe de l’alimentation »)
Ainsi quand nous achetons une viande, on y met le prix et faisons en sorte de la cuisiner à la perfection.
Comment choisir sa viande ?
Pour savoir ce que contiennent les viandes, regardez les étiquettes des produits biologiques. C’est comme ça que j’ai découvert une liste de substances (certaines inconnues) qui n’étaient pas présentes dans les produits bio : Nitrites – nitrates, hormones, antibiotiques (attention si vous voulez une viande n’en ayant jamais eu, choisissez avec la notion EVER), MSG …
Comment choisir les légumes ?
Acheter local, de saison et bio reste la priorité lors de mes achats (article « Bien se nourrir au XXe siècle »).
Comme en France, les producteurs locaux se sont organisés pour vendre des paniers de fruits et légumes de saison directement aux consommateurs via les boîtes CSA. Mais pour certains fruits, je fais des écarts notamment quand l’envie de fruits d’Amérique du Sud ou des îles est très forte.
De mon point de vue, les légumes n’ont pas toujours un goût aussi prononcé qu’en France. Je prends l’exemple du chou fleur qui même durant sa cuisson dégage une odeur assez forte au point d’être incommodante (astuce : ajouter un bouchon de liège durant la cuisson pour absorber les odeurs). La version américaine ne libère aucune odeur et le gout est plutôt neutre.
Il faut aussi savoir qu’aux Etats-Unis, la teneur en pesticides et autres traitements pour les cultures est bien plus élevée qu’en Europe notamment le Glyphosphate. L’achat d’aliments biologiques est un choix de bon sens même si les prix plus élevés peuvent être un facteur restrictif.
Comment choisir les plats préparés ?
Une des règles d’or pour des achats responsables et pour réduire ses déchets, est de préparer autant que possible ses repas. Sauf que ce n’est pas toujours possible. Maman ne peut pas tout faire et elle a besoin de pauses.
Pourtant attention à vos achats : lisez encore les étiquettes !
En 2016, Michelle Obama a dévoilé la première mise à jour des étiquettes nutritionnelles du pays depuis plus de deux décennies – une décision qui a contribué à cimenter sa campagne pour encourager les Américains à manger plus sainement.
Ce nouvel étiquetage a permis de mettre en avant la quantité de sucre ajouté dans les préparations. Le goût sucré fait partie du quotidien des américains. La soupe en conserve, le jambon et autres viandes, les gâteaux évidemment, le vin … sont en majorité préparés avec un apport en sucre supplémentaire.
Pourquoi ? L’histoire remonte aux années 70. Source : Against the Grain de Richard Manning , publication en 2005.
Les subventions au maïs ont joué un rôle mais une autre intervention gouvernementale moins célèbre a probablement joué un rôle encore plus important. L’histoire a commencé au début de 1971, lorsqu’une vente surprise massive de céréales américaines à l’Union soviétique a déclenché une flambée des prix du maïs, qui à son tour a conduit à une montée en puissance massive des semis de maïs. Au milieu des années 70, soutenus par les subventions, les agriculteurs ont continué à planter « de clôture à clôture », comme l’a dit Earl Butz, alors chef du département de l’Agriculture.
Résultat : une surproduction massive de maïs. (La surabondance actuelle de maïs, dans la foulée du boom de l’éthanol de 2006-2012, a suivi un schéma similaire.)
Les géants de la transformation du maïs comme Archer Daniels Midland avaient accès à tout le maïs bon marché qu’ils pouvaient souhaiter, mais ne pouvaient en tirer profit que s’ils pouvaient trouver de nouveaux marchés pour les produits du maïs. L’entreprise a proposé deux grandes idées : l’éthanol, conçu pour perturber le marché massif de l’essence ; et le sirop de maïs à haute teneur en fructose.
C’est ainsi que nous nous retrouvons avec du sucre dans la plupart des aliments préparés aux USA. Et je ne parle pas des sodas …
Finalement on ne le dira jamais assez : bien manger commence par ses achats et par notre vigilance en la provenance des produits. Une alimentation saine et respectueuse de l’environnement est un choix de bon sens. A vos assiettes
En Bref, les 5 conseils pour allier une alimentation saine et respectueuse de l’environnement :
- Manger moins de viande
- Privilégier les produits issus d’une agriculture biologique
- Lire les étiquettes avant chaque achat
- Acheter local (Amap …) pour soutenir un business de proximité et limiter les transports
- Acheter de saison pour réduire la consommation en eau et énergie nécessaire à la culture.
NB : Mais le bio américain, c’est quoi ?
Le programme biologique national du Département de l’agriculture des États-Unis (USDA – United States Department of Agriculture National Organic Program) définit les aliments biologiques de la manière suivante :
Les aliments biologiques sont produits par des agriculteurs qui mettent l’accent sur l’utilisation de ressources renouvelables et la conservation du sol et de l’eau. L’objectif est d’améliorer la qualité de l’environnement pour les générations futures. En outre, la viande, la volaille, les œufs et les produits laitiers biologiques proviennent d’animaux qui ne reçoivent ni antibiotiques ni hormones de croissance. Enfin, les aliments biologiques sont produits sans utiliser la plupart des pesticides conventionnels.
Un animal est considéré comme biologique selon la réglementation et les normes de l’USDA. Un animal biologique doit manger des aliments biologiques et ne pas recevoir d’injections d’hormones (principalement BGH, rBGH, rBST), ni de pesticides synthétiques, fongicides, ni herbicides. Il doit également passer du temps à l’extérieur et avoir suffisamment d’espace pour vivre confortablement.
L’USDA spécifie strictement quels produits peuvent être étiquetés biologiques ou non. Cependant, toutes les viandes biologiques ne sont pas étiquetées comme telles. Obtenir la certification biologique coûte cher, trop cher pour certains agriculteurs exploitant de petites exploitations.